Le pari de la campagne

Billet n°001

Le pari de la campagne c'est notre pari. Et celui de beaucoup d'autres.

Le renouvellement démographique de l'ensemble des territoires ruraux et l'inversion du phénomène migratoire depuis une trentaine d'années en témoignent. Les raisons ne sont pas toujours les mêmes pour tout le monde toutefois un dénominateur commun se dégage : la recherche d'une meilleure qualité de vie.

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Face à la tendance de vivre là où se trouve l'emploi, nous rejoignons sans doute d'autres tendances avec les phénomènes d'"exode urbain", de "néo-ruraux" et de "migrations d'agréments", le rêve d'habiter sur un lieu de vacances pour certains, de travailler tout simplement où l'on souhaite habiter pour d'autres.

Le choix du lieu de vie n'attend alors pas, certainement pas la retraite. Il n'est pas question non plus ici de la résidence secondaire, et plus concrètement il s'agit bien du désir de s'installer - dans le sens plus large de l'établissement humain : établir son habitation, ses activités professionnelles et culturelles, ses loisirs, ses interactions sociales, ses déplacements, etc. Et pourquoi pas s'inscrire dans un territoire.

Aujourd'hui le choix personnel de revenir s'installer dans un hameau isolé de notre Drôme natale entre en résonance avec nos préoccupations de professionnels et soulève de nouvelles interrogations.

Est-ce que la campagne, à l'inverse de la ville davantage vécue comme un lieu de non-sens social, donnerait plus de sens à ce que l'on fait ? Est-ce que s'éloigner des fortes attractivités économiques qu'exercent les métropoles permettrait de fuir une concurrence, au contraire de retrouver une entraide interdisciplinaire et d'accéder à son océan bleu ? Est-ce qu'un ancrage territorial et identitaire de son activité d'architecte tendrait vers une architecture plus en phase avec les milieux ? Qui retrouverait le genius loci, l'esprit du lieu ?

légende

Le danger serait d'opposer une France des villes et une France des campagnes, les citadins aux campagnards, les néo-ruraux aux périurbains, et de faire perdurer une représentation binaire et erronée de l'espace.

Cela serait d'autant plus réducteur que de la même manière que les réalités urbaines prennent plusieurs formes, la ruralité s'accorde désormais au pluriel.

Le risque serait aussi d'entretenir une vision nostalgique de la campagne comme cela peut être le cas sur la scène politique, ou un imaginaire pittoresque de carte postale ou encore l'idée que l'espace rural n'est qu'un espace de production agricole au service des villes.

Force est de constater que les territoires qui entrent en transition se sont libérés de ces discours et de ces représentations anciennes. Ils sont portés par des acteurs en réseau qui ne s'embarassent plus des limites aministratives territoriales, qui échangent, partagent, sont la juste rencontre des besoins et des ressources au bon moment.

La transition est une conception du changement que nous partageons : elle parle du processus, du cheminement plus que du résultat à atteindre puisqu'il reste à inventer.

La transition requiert d'abandonner des réponses copier-coller pour être dans une démarche d'expérimentation, d'innovation et de créativité.

C'est une démarche plus que jamais adaptée à l'espace rural, territoire des encore possible, en mouvement, inventif, positif et dynamique.

La transition peut être de toute sorte : énergétique, écologique, numérique, technologique, économique, démocratique, sociale, culturelle, démographique...

Une des conditions à sa réussite est la mobilisation des habitants par une approche participative et collective ou encore l'émergence de nouvelles solidarités urbain-rural notamment pour des thématiques de revitalisation de centre-bourg ou les actions coeur de ville.

Dans notre domaine de compétences, cela peut se traduire par rendre accessible le conseil architectural à tous, comme service de proximité, par un regain d'intérêt pour les projets modestes de petites échelles et aux petits budgets, par la volonté d'oeuvrer sur une forme de réconciliation d'aménagements des territoires sans condamner ce qui s'est fait - non il n'y a pas de Franche moche mais le résultat de politiques d'aménagement couplé d'un individualisme largement adopté.

Pour nous, cela passe par transposer notre métier à la campagne, plus près des gens du pays, des lieux donc des réseaux, des initiatives, d'avoir l'opportunité de mettre en pratique notre discours. C'est surtout une solution parmi tant d'autres. En tout cas c'est le souhait et le pari que l'on fait.

C.

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